Comment Solskjaer a relancé Paul Pogba
Le Français est transfiguré depuis l’arrivée du Norvégien.
- Publié le 12-02-2019 à 06h47
- Mis à jour le 12-02-2019 à 11h05
Le Français est transfiguré depuis l’arrivée du Norvégien. Les commentaires des consultants apparaissent comme des baromètres assez fiables de l’état de forme d’un joueur. Après avoir été rhabillé pour l’hiver par tout ce que l’Angleterre compte d’anciens joueurs distillant leur avis dans tous les médias du pays, Paul Pogba est désormais considéré par Jamie Redknapp comme "le meilleur milieu du moment, le meilleur joueur de Premier League".
"On parle beaucoup de tactique mais ce qui compte, c’est la confiance", a estimé l’un des pundits vedettes de la Sky. "Quand je vois Pogba, je vois juste un joueur qui prend du plaisir. Il est libre."
Libéré, délivré, le Français ? Il y a de cela dans ses statistiques (voir par ailleurs), ces chiffres qui dessinaient un milieu de terrain à l’impact tout relatif, et qui présentent depuis le remplacement de José Mourinho par Ole Gunnar Solskjaer un rendement d’attaquant. Même si le Norvégien réfute l’argument. Question de classe, pour ne pas froisser son prédécesseur, sans doute.
"Je ne l’ai pas libéré. Il joue à son potentiel. On essaie de mettre l’équipe en avant pour mettre le joueur dans des positions où il peut blesser les équipes. Paul peut le faire avec ses qualités. Il est en très grande forme, lorsqu’il arrive dans la surface, il y a toujours une occasion de but, une passe décisive ou un but. Je lui parle comme je le fais avec les autres, c’est du management", dévoile-t-il.
Mais cette gestion tranche forcément et fortement avec celle de Mourinho qui, après avoir fait de Pogba son vice-capitaine en début de saison, lui offrant même le brassard lors des deux premières journées de championnat, l’avait déclassé, réprimandé ensuite au grand jour devant les caméras de Sky pour mieux afficher son autorité. Pour finir par l’enfermer dans le carcan de son projet de jeu minimaliste dont Solskjaer l’a extrait.
Comment ? En lui redonnant d’abord le plaisir de jouer, puis en le libérant des tâches défensives ensuite. "Je dirais que je m’amuse, j’apprécie de jouer au football. C’était difficile avec notre ancien système. Défendre n’est pas ma partie préférée. Maintenant, avec l’équipe, on se comprend, on attaque. Le manager me dit d’aller dans la surface, on ne peut pas marquer si on ne va pas dans la surface. On joue, on a la confiance du manager, des coéquipiers. Cela rend les choses plus faciles, je peux tirer et passer, c’est ce que je fais depuis qu’il est là. Je sais que j’ai de la sécurité derrière moi", expliquait le milieu après la victoire contre Tottenham le mois dernier, en référence notamment à la paire de récupérateurs Matic - Herrera qui le soulage.
Invité cette semaine par la BBC à décrire le mode de fonctionnement de Solskjaer, Pogba l’a jouée simple : "C’est de la joie, il ne joue pas de rôle. Il donne juste de la joie à tout le monde."
"Solskjaer a sauvé sa carrière comme Robson l’a fait avec la mienne", a écrit Alan Shearer dans la chronique qu’il tient dans The Sun. "En tant que joueur, vous sentez quand un manager ne vous veut pas vraiment. Et Pogba, comme d’autres, savait que c’était le cas avec Mourinho. La communication et la relation étaient brisées entre les deux. Et quand c’est le cas, l’un des deux doit partir". Et celui qui est resté revit depuis.
Les souvenirs de 2009/2010
Et si l’origine de la forme actuelle de Paul Pogba remontait à la saison 2009/2010 ? À cette première collaboration avec Ole Gunnar Solskjaer. Le raccourci est tentant. Mais un peu biaisé aussi. À l’époque, le Norvégien dirige l’équipe réserve du club mais cerne vite le potentiel du Français de 16 ans arrivé en provenance du Havre quelques mois plus tôt. Surclassé en provenance des U18, Pogba ne disputera que six matchs sous les ordres de Solskjaer qui l’utilise partout au milieu et même sur l’aile droite. Une utilisation parcimonieuse qui n’a pas empêché la Pioche de se montrer décisive dans la conquête du titre du championnat des réserves le 3 mai 2010 quand, une minute après son entrée à la 87e, il a délivré la passe décisive pour l’égalisation synonyme de titre. Le tout sous les yeux de Sir Alex Ferguson qui avait pris place dans les tribunes d’Old Trafford.